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Leur vision du futur Gaëtan Chaput : « La formation doit et devra se renouveler en permanence »

Gaëtan Chaput, enseignant en sciences et techniques de l’agroéquipement au lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) et président du jury du BTSA GDEA(1)  nous livre sa vision de son métier dans le futur au travers de 5 questions.

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Matériel Agricole : Comment voyez-vous l’éducation au machinisme dans le futur ?

Gaëtan Chaput : Ce n’est pas une question facile. Cela dit, l'une des cinq missions confiées par le ministère de l’Agriculture en matière d’enseignement concerne l’innovation ; l’objectif étant d’aider les jeunes à se projeter le plus loin possible en les accompagnant jusqu’à l’expérimentation. En réalité, les nouvelles technologies et la robotique font déjà partie intégrante de notre enseignement. Les établissements scolaires ont l'obligation de renouveler leurs référentiels tous les cinq ans, ce qui nous permet de suivre les évolutions au fil du temps. Notre objectif sera d’être prêts à former aux nouvelles technologies et à la robotique au travers de cursus et de cours dédiés, tout en faisant le lien avec le contexte local pour que les jeunes apportent ensuite une véritable plus-value à leur future entreprise. Il sera aussi de s’adapter à la naissance de nouveaux métiers émergeant avec les technologies, comme formateurs, démonstrateurs, conseillers, etc.

Gaëtan Chaput enseigne aux élèves du lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne). (© Gaëtan Chaput)

M.A. : Quels sont, selon vous, les problèmes résolus par la technologie ?

G.C. : Une grande partie des exploitations font face à des variables (marché, conditions climatiques, etc.), mais aussi aux contraintes administratives. L'une des solutions pour réduire l’impact des fenêtres météorologiques raccourcies concerne l’utilisation de technologies d’automatisation, en faveur de la performance. Je prends l’exemple de la récolte des pommes sur l’exploitation du lycée : l’arrivée de l’automatisation sur la machine a permis d’accélérer grandement le processus de cueillette et donc d’assumer plus de surface – l’agrandissement étant presque nécessaire à la rémunération de l’agriculteur. Ce gain de rendement peut également lui dégager du temps pour s’adonner aux tâches administratives.

M.A. : Que vous inspire la robotique ?

G.C. : La robotique représente une opportunité pour l’augmentation de la productivité et la diminution de la pénibilité. Elle répond surtout à un manque de main-d’œuvre. La technologie de la robotique est, en soi, déjà adoptée puisqu’il ne s’agit que d’un véhicule tracteur équipé de capteurs et d’automatismes, ce qui est déjà le cas pour une grande partie du parc. Il ne reste pour l’instant que les verrous psychologiques et légaux.

M.A. : À quoi ressembleront, selon vous, l’équipement agricole et la ferme du futur ?

G.C. : Tout dépend de la région. Néanmoins, dans un premier temps, tous les exploitants auront adopté des systèmes d’autoguidage. Ensuite, de plus en plus de tâches seront automatisées afin de libérer du temps pour l’administratif. Enfin, pour se projeter encore plus loin, peut-être la présence de conseillers sera-t-elle encore plus importante, que ce soit pour l’agronomie, l’assolement, les itinéraires techniques, etc. Ceux-ci pouvant même, à terme, prendre la forme d’une intelligence artificielle guidant les agriculteurs dans leurs choix ou les exécutant elle-même.

M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans l’enseignement ?

G.C. : Les soucis météorologiques sont déjà une réalité. Notre mission est donc de former les élèves à prendre des décisions en tenant compte des facteurs liés aux multiples contraintes (agronomiques, climatiques, mécaniques, etc.). Pour cela, nous devrons créer des mises en situation. Un cours « produire autrement » est d’ailleurs déjà en place dans les établissements afin d’apprendre aux élèves à songer à d’autres productions ou systèmes.

(1) Brevet de technicien supérieur agricole en génie des équipements agricoles.

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